L’actualité de cette semaine à travers le monde confirme bien que la véritable voix des sans voix, reste l’Internet, à travers les médias alternatifs.
Malgré la puissance du système de domination du capitalisme sauvage, ces médias sociaux forcent l’avancée de la démocratie. Soutenus par les technologies, ces médias sociaux, permettent au jeune cultivateur de Napieledougou, du nord de la Côte d’Ivoire, de créer une vidéo et de la mettre en ligne sur la toile.
Au début de l’année 2017, les statistiques étaient de 3,77 milliards d’internautes, soit 50% de la population mondiale dont 2,79 milliards d’inscrits sur les réseaux sociaux, soit 37% de cette même population.
Avec un taux de pénétration d’Internet dans le Monde qui est de 88% en Amérique du Nord, 84% en Europe de l’Ouest, 33% en Asie du Sud, et 29% en Afrique, l’on enregistre chaque minute – nous disons bien chaque minute – sur Internet :
- 216 millions de photos aimées sur Facebook ;
- 2,4 millions de photos aimées sur Instagram ;
- 70 millions de mots traduits sur Google Translate ;
- 110 000 appels sur Skype ;
- 350 000 tweets sur Twitter ;
- 400 heures de vidéos téléchargées sur YouTube ;
- 10 000 images épinglées sur Pinterest ;
- 18 000 upvotes ou downvotes sur Reddit ;
- 1 million de vues sur Vine ;
- 830 000 fichiers téléchargés sur Dropbox ;
- 570 000 GIF visionnés issus de Giphy ;
- 3,5 millions de textos aux États-Unis.
À cette allure, peu de dictateurs peuvent passer à travers les mailles des internautes et leaders d’opinions donneurs d’alerte pour les peuples.
L’Internet reste avant tout un réseau, avec de véritables autoroutes de l’information auxquelles sont connectés tous les palais du monde. Donc tous les centres de décision.
Faute d’avoir compris la puissance de l’Internet, beaucoup d’acteurs politiques se sont plantés dans leur choix, ainsi que dans leurs méthodes. Beaucoup d’autocrates croient nager en eau profonde, pensant que l’on ne voit pas leur dos, pourtant visible à mille lieux. Beaucoup n’ont pas compris que leur image, médiatiquement construite par la presse mainstream, ne résiste pas au temps lorsque la réputation artificielle ne correspond pas aux actes quotidiens.
Grâce à l’Internet, peu de dictateurs peuvent désormais passer à travers les mailles des internautes et leaders d’opinions, donneurs d’alerte pour les peuples.
À titre d’exemple, ceux qui s’abritent derrière les usages machiavéliques se trompent d’époque et se noient politiquement. En effet, le « Prince » de Machiavel est une œuvre littéraire écrite en 1513. Il y a donc de cela 5 siècles. Une œuvre de grand talent. Elle élabore des thèses de gouvernance sur la base d’hypothèses. D’où les nombreux « si » dans l’ouvrage. Ce qui permet déjà de dire que l’auteur n’érige pas le mal en principe de gouvernance. Beaucoup de dictateurs s’en inspirent de nos jours.
Or, il y a 5 siècles, le mal fait dans une contrée, restait généralement circonscrit à cette contrée. Les faits étaient rarement archivés faute de support adéquat. Non archivés, ni documentés, de tels faits sont passibles d’oubli, d’une génération à l’autre.
De nos jours, l’explosion de la communication, la diversité des moyens de communiquer, a accompagné la mondialisation, cette mondialisation si indispensable au capitalisme. La mondialisation a été voulue par et pour le capitalisme. De sorte que le monde est devenu un village planétaire. Les capacités de stockage des données multimédia dépassent l’imaginable. Ce qui permet à la mémoire collective de nos sociétés de perdurer à vie et se transmettre. Elle perdure sur chaque période. Du floppy-disk de quelques 2 mégaoctets de l’ère des PC IBM de la fin des années 80, équipant des ordinateurs de 512 kilo-octets de mémoire RAM avec les contraintes inhérentes de « pagination » dans la conception et la réalisation des logiciels notamment l’usage des «overlay», la mémoire est aujourd’hui quasiment illimitée. Le cloud n’y est pas pour rien.
Dès lors, ceux qui s’enfoncent dans une gouvernance de rancune, de rancœur et de vengeance, ainsi que tous ceux qui puisent dans les conseils de Machiavel, ont plié leur propre avenir politique. Tous leurs faits et gestes sont à portée de connaissance du monde entier. Ces faits, stockés, les suivront continuellement. Ils ne peuvent donc pas falsifier ou réécrire l’histoire.En effet, comment procéder par exemple, pour faire oublier la vérité sur l’histoire des gendarmes abattus à Bouaké quand chaque jeune a un compte Facebook ? Le passage en boucle de la boucherie de Duékoué – avec des piqûres périodiques de rappel – ne permet pas de faire passer les victimes pour les bourreaux comme certains seraient tentés de le faire croire. Le procès à la CPI nous humilie tout simplement parce que les États ne sont plus les seuls dépositaires des archives. De n’importe quel coin du monde, un avocat peut recevoir des éléments de preuve, de n’importe quel citoyen du monde.
Des militants à former à la citoyenneté et à l’État de droit.
Certes, il existe encore des militants miliciens dans les partis politiques qui freinent la démocratie. Ils ont un regard à la démocratie qui ne peut évoluer que par la formation et la sensibilisation. Ils ignorent tout du principe d’un État, à fortiori d’un État de droit. Mais les gifles que prennent à l’international et dans les opinions nationales, ceux qu’ils croient bien servir, vont accélérer cette éducation citoyenne et la prise des distances avec les méthodes moyenâgeuses de gestion d’un pays.
Eric Kahe ancien ministre, président de l’AIRD
Laisser un commentaire