La voie commune. Afrique-Union européenne : comment engager le codéveloppement ?*
sur la politique de l’UE en Afrique
L’enseignement de l’échec français
Cette voie est une impasse qui alimente le terreau sur lequel prolifèrent les entrepreneurs de la violence qu’elle est censée combattre. Les pays membres de l’Union ne changent pourtant pas de doctrine et alimentent le brasier du chaos libéral. Ils appuient ces logiques qui visent à soumettre les sociétés africaines et à laisser libre cours aux appétits insatiables des sociétés transnationales.
Il faut changer de logique et abandonner les accords de partenariat économique (APE) qui prévoient d’ouvrir les marchés des pays africains concernés aux importations européennes. Les pays africains comme européens ont besoin d’un développement visant la réduction des inégalités, la sécurisation de la vie (éducation, retraites et sécurité sociale solidaires, services publics), offrant ainsi des conditions et des perspectives dignes aux populations. L’Afrique a de nombreux atouts. Elle doit relever de grands défis qui nécessitent un nouvel âge des relations prenant en compte les asymétries. Une autre conception des coopérations avec les 54 pays africains devrait se traduire par le transfert de technologies et de capacités industrielles, et favoriser leurs ressources internes. À commencer par les ressources fiscales aujourd’hui dramatiquement basses.
L’UE doit en finir avec l’escroquerie mise en place depuis des décennies par le FMI et la Banque mondiale, qui ont diminué en Afrique l’imposition sur les sociétés, notamment multinationales. À quoi sert une aide publique au développement, d’ailleurs très en dessous des recommandations onusiennes, si dans le même temps on prive les peuples de centaines de milliards d’euros de recettes fiscales ? Cette politique de dumping et d’évasion fiscaux est à combattre en Europe comme en Afrique. Il y a urgence à imaginer de nouveaux rapports fondés sur la fin de l’ajustement structurel, l’arrêt du soutien aux autocraties, du pillage des terres africaines et de la course à l’implantation de forces militaires sur le continent. Il faut lever les nombreux obstacles qui empêchent les pays africains, à quelques exceptions près, de diversifier leurs économies.
Cette économie extravertie génère une croissance sans réel développement endogène. Un phénomène aggravé par le franc CFA qui prive les 14 États concernés de leur souveraineté monétaire, asphyxie les économies et favorise la fuite des capitaux. Le débat sur la fin du franc CFA reprend de la vigueur depuis quelques années, en Afrique mais également en France. Le PCF y a d’ailleurs apporté sa contribution. Il s’agit maintenant d’élever le débat à l’échelon européen, avec les Africains.
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