Ramené à la politique, le parasitisme de couvée politique peut fabriquer des monstres à sang froid. Il peut avoir pour conséquence les nombreux départs en exil, l’enrichissement illicite et rapide, l’arrogance et la paupérisation galopante.
Cela est bien connu chez les oiseaux. Le parasitisme de couvée, est le comportement qu’ont certaines espèces de pondre leurs œufs dans le nid d’autres individus, de la même espèce ou non. Non contents de faire ainsi couver gracieusement leurs œufs, les oisillons issus des œufs déposés dans le nid, peuvent bénéficier de la nourriture destinée à l’ensemble des nouveaux nés. Les oisillons des hôtes involontaires moins chanceux peuvent être même tués ou expulsés du nid par ceux qui sont issus de parents squatteurs.
En clair, l’oiseau opportuniste, tel le coucou, abuse les autres oiseaux en pondant dans leur nid pour leur faire couver ses propres œufs puis nourrir ses propres oisillons. En effet, une fois l’œuf déposé avec astuce, le coup est joué et le couple propriétaire du nid va non seulement incuber les œufs intrus mais aussi nourrir l’oisillon jusqu’à ce qu’il parvienne à maturité. Pour le réussir, la femelle parasite doit être discrète et rapide à la ponte : pondre un œuf en deux ou trois secondes alors qu’en moyenne, un oiseau requiert quelques minutes pour la ponte d’un œuf. Selon Wikipédia, elle doit également bénéficier de la complicité de son mâle dont la mission sera de distraire intentionnellement les hôtes « en chantant près du nid afin de donner une occasion à la femelle au moment où il se fait poursuivre agressivement par les premiers ». Tout cela est précédé d’une véritable étude du comportement des propriétaires des nids potentiels. Sur plusieurs nids visés, une observation attentionnée permettra de choisir le nid le plus vulnérable.
Certains oiseaux parasites détruisent un œuf dans le nid squatté afin de le remplacer par leur ponte, évitant ainsi tout risque que les vrais propriétaires du nid ne se rendent compte de l’escroquerie s’ils faisaient le constat d’un œuf de trop dans le nid. Après la couvée, les jeunes oiseaux parasites de certaines espèces achèvent le travail des parents en tuant les oisillons des parents squattés. Car, comme c’est souvent le cas en pareilles circonstances, les oisillons parasites grossissent plus rapidement que les oisillons nés des œufs des propriétaires du nid. Les survivants nés des parents hôtes, privés de la nourriture monopolisée par les oisillons parasites, finissent, dans certains cas, par être expulsés du nid en même temps que les œufs non éclos.
À titre d’exemple, les jeunes coucous, qui font partie des espèces les plus douées en parasitisme de couvée, sont capables, quelques heures seulement après l’éclosion, de pousser hors du nid tout ce qui s’y trouve, œufs ou autres oisillons.
Ramené à la politique, nous disons du parasitisme de couvée qu’il est alors politique. Il peut avoir pour conséquence les nombreux départs en exil, l’enrichissement illicite et rapide, l’arrogance et la paupérisation galopante [Filet de sécurité comme alternative à l’exclusion]. Il fabrique également des monstres à sang froid. Tel l’oiseau squatteur qui détruit la ponte des hôtes, on assiste parfois à des assassinats de masse et des déplacements des populations hôtes. Les oisillons du squatteur de nid se nourrissant aux frais des parents d’adoption forcée, les parasites politiques tirent leur force et leur puissance de l’état sur le dos duquel ils restent constamment accrochés. En dehors du nid étatique, point d’ancrage populaire pour le le parasitisme de couvée politique.
Devrions-nous nous résoudre à accepter, ce que nous disait un ami, avec lequel nous étions au gouvernement de réconciliation nationale, à savoir que « le premier des droits c’est le droit de la force » ? ou au contraire, continuer de nous battre pour une compétition politique apaisée ? Nous continuons de croire que la seconde option n’est pas négociable et s’impose à tous. Car avant tout, nous ne sommes ni des oiseaux, ni des animaux sauvages. Nous devons mériter notre humanisme.
Eric Kahe
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