Laurent Gbagbo, le casse-tête politique ivoirien

Laurent Gbagbo, ancien président de la Côte d'Ivoire
Laurent Gbagbo, ancien président de la Côte d'Ivoire

Laurent Gbagbo, le casse-tête politique ivoirien

De sa prison, à La Haye, Laurent Gbagbo donne le tournis à tout le monde. Cela commence même au sein de la formation politique qu’il a portée sur les fonts baptismaux, le FPI. Sa velléité supposée de candidature à la présidence du parti à l’occasion du 4è Congrès ordinaire (11, 12, 13 et 14 décembre 2014) a été fortement combattue jusqu’en justice, car son implication dans la politique ivoirienne était notamment vue par certains au nombre de ses détracteurs comme néfaste à sa défense et à sa libération.
Mais, envers et contre tous, Gbagbo continue de rester le ciment et le dénominateur commun, pouvant aider à la réunification du parti divisé et fragilisé. «La confrontation est finie et nous savons désormais qui est qui au FPI. Le président Laurent Gbagbo a décidé de prendre position pour l’unité du parti. Si le président Gbagbo décide de reprendre lui-même les choses en main, peut-il y avoir encore un problème?» a déclaré, le 19 août 2017, Pascal Affi N’Guessan, président de la tendance légale du FPI, au 2è Congrès ordinaire du RPP pour reconnaître le leadership incontestable et incontesté de Gbagbo. Dont l’image n’est plus un handicap pour le FPI, mais un atout, le «sésame, ouvre-toi».
A la CPI, c’est le coup de théâtre. Un mois plus tôt, soit le 19 juillet 2017, la Chambre d’Appel a cassé la décision des juges de la Chambre préliminaire I qui refusent, depuis onze demandes, la mise en liberté provisoire au Président Laurent Gbagbo.
La Cour d’Appel estime que la décision de refus des premiers juges contient des erreurs et ne prend pas en compte des éléments pertinents au profit du plus célèbre détenu de la prison de Scheveningen, à La Haye. Elle renvoie donc le dossier devant les premiers juges pour qu’ils statuent de nouveau sur la mise en liberté provisoire du Président Laurent Gbagbo.
Cela revient donc à dire que tous les fallacieux arguments de «radicalisation» de certains des partisans de Gbagbo, d’existence de «réseaux» pouvant l’aider à fuir sont ainsi battus en brèche. En réalité, toute cette campagne a relevé du chantage éhonté pour espérer mettre tout le monde en mode silence radio. En vain.
Ainsi, les visites tous azimuts, mouvements et manifestations populaires en faveur de l’ex-président ivoirien qui ne se sont jamais essoufflés font maintenant florès. Car Gbagbo reste incontournable. Soro Kigbafori Guillaume, à la tête de ses lieutenants et autres aficionados, est sorti de sa réserve pour demander et «pardon» à Gbagbo et sa libération dans sa croisade pour la réconciliation nationale et des députés ivoiriens se mobilisent. Après le groupe parlementaire ivoirien «Agir pour le peuple» de Méambly Evariste qui lui a rendu visite le 24 juillet 2017, le groupe «Vox Populi» de Yasmina Ouégnin se prépare à effectuer son pèlerinage à la mi-septembre 2017 à La Haye.
Le diagnostic de Sangaré Abou Drahamane, 1er vice-président du FPI, paraît alors implacable: «Laurent Gbagbo est, à la fois, le cœur, le corps et la chair de tout débat politique sur l’avenir de la Côte d’Ivoire», soutenait-il le 31 août 2013, en tant que porte-parole à la réception des ex-prisonniers politiques.

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