(…)La méconnaissance et l’ignorance font défaut au projet de la CPI.
La montagne Bensouda, de la CPI à La Haye, est vraiment en train d’accoucher d’une portée de souris remuantes. Des témoins qui se présentent comme à charge virent, de manière comique, dans des témoignages à décharge. Ou chargent ceux qui les avaient chargés de charger devant une cour ébahie. Que n’avons-nous eu de cesse de ressasser, bien longtemps à l’avance, que ce procès, dit celui de la honte, serait une pharmacie. b>Au sens essentiel de ce que dit cet idiome dans sa langue, qui parle grec. Le pharmacos nommant à la fois un remède et un poison, un poison-remède. Le sigle représenté par un serpent, et une plante en dit long. Qui va plonger ses racines dans le tréfonds archaïque, du mystérieux mécanisme victimaire du bouc émissaire.
On l’oublie souvent, mais la démocratie athénienne, tant vantée et admirée reposait aussi sur l’ostracisme et l’esclavage. Un individu, choisi par hasard, et moyennant des signes victimaires, était, injustement, accusé des maux qui accablaient la communauté. Lorsque la violence de tous contre tous se déchaînait, par contagion et par propagation mimétiques, pour des raisons souvent obscures. A un niveau paroxystique, elle se retournait en une violence du tous contre un. Un coupable, unanimement désigné, faisait ainsi l’affaire. On se saisissait de lui, pour le lapider, le lyncher, pour l’expulser, ou pour le mettre à mort. Le calme et la paix revenaient spontanément après l’exercice de cette violence collective, et unanime. La victime, sacrifiée, parce que jugée coupable de la violence intestine qui mine la société est divinisée. Elle devient cette divinité qui aura ramené la paix. C’est toute la problématique de la violence sanglante du sacré archaïque. Dans les cas de Laurent Gbagbo, et Charles Blé Goudé, ce système ne peut plus fonctionner. Parce que, de nos jours, il lui manque son fondement qui est la méconnaissance et l’ignorance. Il a perdu toute efficacité juridique et politique et n’est plus à même de produire du sacré. La connaissance, et la vérité sont passées par-là et les persécuteurs, les lyncheurs et les bourreaux sont démasqués. L’incarcéré, le coupable de tout, alors qu’il n’est coupable de rien du tout, voit son innocence mise au jour.
Paul Zahiri
La portée de souris remuantes de la montagne Bensouda|Paul Zahiri
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