Génocide: comment Amnesty international qualifie les massacres de l’ouest ivoirien?

Après sa lettre ouverte à Anne Ouloto, nous avons approché le ministre Eric kahe, président de l’Alliance Ivoirienne pour la République et la Démocratie (AIRD) pour évoquer avec lui un autre pan du « génocide WE » et savoir la qualification d’Amnesty International. Vite dite en une seule question.

A mon arrivée en France, en septembre 2012, une fois mes valises posées en Ardèche grâce à l’amitié des familles Abel et DuPasquier, j’ai abordé la question du « génocide WE » comme pour toutes des autres questions de Démocratie, de liberté et droits de l’Homme dans notre pays. Mon intérêt pour les massacres à l’ouest de la Côte d’Ivoire a, de tout temps, été une préoccupation républicaine. En m’y intéressant, j’ai à cœur de ne pas laisser les victimes et les parents des victimes en marge de la Nation. Car un tel résultat, cultiverait en eux un grand sentiment de vengeance. En effet, ni une communauté humiliée, ni une douleur non reconnue ne peuvent conduire à une vraie réconciliation. Se pencher sur les massacres de l’ouest, dans une démarche réparatrice, c’est construire un avenir harmonieux entre les différentes communautés.

Le ministre Eric Kahe, expliquant en 2005 à Guitrozon, au président Laurent Gbagbo, les circonstances des attaques.
Dès mon arrivée en France, j’ai pris contact avec de nombreux élus, organisations de défenses des droits de l’Homme, notamment Amnesty International. J’ai informé de nombreux députés et maires du contexte très fragile de la paix en Côte d’Ivoire et de la situation de l’ouest qui pourrait favoriser une certaine « farquisation ». En effet, si les « FARC » ont pu s’implanter en Colombie, c’est bien parce qu’il existait un terreau favorable du fait que le pouvoir central était accusé d’une certaine injustice et de marginalisation de la zone ciblée par cette rébellion. J’ai remercié Amnesty International pour son travail de collecte, en assurant l’organisation de ma volonté de dépolitiser le débat. C’est pour cette raison que je me suis abstenu de communiquer sur cette question, laissant le soin aux sociétés civiles, notamment Wê, toute leur place. Une autre raison est que dans un pays où le réflexe tribal est excessif, le travail de justice et d’équité qu’effectuait de bonne foi le natif de Duékoué aurait pu être exploité par ses adversaires comme une démarche ethnique. D’où ma prudence à toujours rappeler que j’aurais été plus à l’aise et plus visible si cette cause était celle d’une région autre que la mienne.

Ces vieilles femmes ont subi de graves traumatismes auxquels nombreuses n’ont pas survécu
Sur la question de la qualification des massacres, des chercheurs d’Amnesty International m’ont avoué que les faits s’apparentent bien à un génocide. Mais l’annoncer comme tel dans leurs enquêtes, aurait pu créer une polémique qui pourrait devenir du pain béni pour les auteurs et leurs protecteurs. Les débats auraient plus porté sur du vocabulaire plutôt que sur les faits graves. Ce qui nous aurait éloigné de l’essentiel que constituent les massacres. Selon eux, cette qualification peut se faire à tout moment.


La sortie de la ministre Anne Désirée Ouloto nous en donne l’opportunité.

Propos retenus par Armand Leble




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