Les esclaves africains noirs en Libye, et partout ailleurs, heurtent toutes les bonnes consciences.Nous n’avons pas de mots assez forts pour les condamner et nous associer à toutes les initiatives pour y mettre fin. De tels faits nous font perdre notre humanité. Ils rappellent combien fragile est notre volonté de réguler notre vie sur les valeurs et le droit.
Et nos jeunes qui, paradoxalement, fuient leurs pays avec des croissances à deux chiffres, fuient la misère et le progrès mal redistribué, les fruits étant aux mains d’une minorité, qui creuse chaque jour davantage le fossé entre eux et les plus pauvres. Or cette misère est la conséquence de la mauvaise gouvernance avec sa cohorte de corruption, de népotisme, d’absence de vision, de mensonges, de statistiques de complaisance et de gestion dictatoriale. Et la mauvaise gouvernance est la conséquence de nos votes. Tant que ces choix et votes seront fondés sur le réflexe tribal, ou le Vuvuzela des parvenus n’ayant jamais fait leurs preuves par un parcours professionnel national respectable, ou même seront fondées sur notre appât des miettes faciles, nous continuerons de subir la domination des autres.
Les peuples ne devraient pas choisir leurs dirigeants parmi ceux qui les ont mis à genoux mais parmi ceux qui, comme De Gaulle, les ont libérés. Pas non plus, parmi ceux qui n’ont travaillé que pour d’autres pays, donc dans des contextes différents de ceux qu’ils se proposent de gouverner, mais plutôt parmi ceux qui ont donné sang et sueur en gagnant peu. Imagine-t-on les Américains choisir leur dirigeant parmi ceux des leurs qui sont adulés par la Russie?
Par ailleurs, tant que les intellectuels et les cadres démissionneront de leur responsabilité de formation et d’éducation citoyennes, et continueront d’engager, face à chaque situation, les conciliabules ethniques, nous n’aurons ni nation, ni avenir.
Comme le note cette courageuse mission évangélique, les Africains sont déjà en esclavage dans leur propre pays, du fait de systèmes politiques dictatoriaux, avant d’arriver en Libye. Ils fuient un esclavage pour se jeter dans les bras d’un autre esclavage.
Tant que nous accepterons que l’esprit patriotique soit présenté comme une honte par ceux qui travaillent pour les dominants, nous resterons des dominés.
Tant que nous n’aurons pas compris que le changement est l’affaire d’une poignée, capable d’un leadership désintéressé, nos cris légitimes, face à nos humiliations, ne seront qu’exploités par des actions d’opportunisme, pour remplacer des corrompus par des corrompus, et perpétuer le cycle.
Tant que nous accepterons que l’esprit patriotique soit présenté comme une honte par ceux qui travaillent pour les dominants, nous resterons des dominés.
L’Afrique a suffisamment de leçons à tirer de ses siècles d’humiliation et ses fils et filles ont les solutions à ses problèmes. Reste à oser ces solutions et surtout à se savoir mortels pour vaincre la peur du changement et des hostilités inévitables.
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