Côte d’Ivoire, un enrôlement mortifère au Covid-19?

L'urgence est à l'arrêt de cette mascarade d'enrôlements.

Chacun a une raison d'agir
La primauté de la vie sur les ambitions invite à la responsabilité individuelle et collective .

Inconscience, manque de vision ou calcul politicien mortifère? Alors que la maladie du Corona virus pousse tous les pays du monde à la plus grande prudence, le Gouvernement ivoirien maintient l’enrôlement des populations.

Bref rappel sur la maladie du Corona virus

En décembre 2019, la Chine enregistre des cas groupés de pneumonies dont certains mortels. Le 9 janvier, le virus responsable est identifié, il s’agit d’un nouveau coronavirus appelé Sars-CoV-2. En mars, ce virus très contagieux s’est répandu sur les 5 continents de la Terre et a contaminé plus d’un million de personnes dans plus de 180 pays, faisant 50 000 morts. 
Comme la communauté  scientifique en savait très peu sur ce virus, c’est par tâtonnement et de nombreuses pistes de recherches qu’on collecte à présent des données sur ce virus. 
Ainsi est né le nom « Covid-19 » selon la démarche suivante: Après avoir été baptisé nCoV-2019 dans un premier temps, ce nouveau coronavirus a été appelé SARS-CoV-2 (SARS pour « Syndrome Aigu Respiratoire Sévère » et CoV pour « COronaVirus »). Sa maladie a été nommée Covid-19 le 11 février 2020 par l’OMS pour signifier :
« Co » signifie « corona« ,
« vi » pour « virus » et
« D » pour « disease » (« maladie » en anglais).
Le chiffre 19 indique l’année de son apparition : 2019. 
L’OMS qui voulait éviter toute stigmatisation en lien avec la maladie a pris soin de ne pas donner de nom faisant « référence à un lieu géographique, à un animal, à un individu ou à un groupe de personnes  » assure son directeur général, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Le temps d’incubation du COVID-19

Le temps d’incubation d’une maladie est le temps écoulé entre l’infection par le virus et l’apparition des premiers symptômes de la maladie.La durée moyenne d’incubation du Covid-19 est de 4 jours avec une durée maximale de 12 à 14 jours.
Le virus est très contagieux et se propage rapidement.

Les leçons à tirer de ce qui se passe en France

A présent, regardons bien ce graphique, issu d’une capture d’écran sur une chaîne de télévision française. 

Courbe d’évolution du nombre de cas graves de malades du Covid-19 depuis le 5 mars 2020

Au moment où la France organisait ses élections municipales, elle comptait 100 cas graves par jour. Pour la tenue des élections municipales, le gouvernement avait prescrit toutes les mesures des gestes barrières. 
Le lendemain 16 mars, elle est passé à 199 cas en une journée puis à 232 le surlendemain, soit la seule journée du 17 mars.
La journée du 23 mars, soit 8 jours après les élections on a dénombré 548 nouveaux cas graves en France. Pourtant la France avait pris toutes les mesures des gestes barrières pendant le déroulement des élections municipales.
Pire, 10 jours après les élections municipales et en plein confinement, la France a enregistré 548 nouveaux cas graves. Nous disons bien cas graves car l’ensemble des cas est hautement plus important. Pourtant la France avait pris toutes les mesures des gestes barrières pendant le déroulement des élections municipales.
Le mardi 17  mars 2020, dans les colonnes du quotidien français « Le Monde », l’ancienne ministre de la santé, Madame Agnès Buzyn se livre à des aveux poignants en déclarant « Je pense que j’étais la première à voir ce qu’il se passait en Chine… Le 11 janvier, j’ai envoyé un message au président sur la situation. Le 30 janvier, j’ai averti Edouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir. Je rongeais mon frein »  avant d’ajouter  «On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade»
La suite on la connaît désormais. Le Premier Ministre français a courageusement assumé et est au front dans la guerre contre le Covid-19, après avoir appelé au rassemblement du peuple français et pris les mesures d’apaisement avec la suspension de la loi sur les retraites.

Le communiqué de l’ONECI invitant les Ivoiriens à l’enrôlement est-il un acte d’irresponsabilité ou de sabotage des efforts du Gouvernement?
C’est dans une configuration similaire que le gouvernement ivoirien maintient l’enrôlement des populations, malgré les appels à la prudence, à la sagesse et à la cohésion nationale, pour faire front face au virus. Dans un communiqué, l’Office Nationale de l’Etat Civil et de l’Identification (ONECI) invite les populations à se faire enrôler, indiquant s’appuyer sur  « toutes les dispositions sanitaires prises par l’Etat et  visant  à endiguer la propagation du virus dans notre pays ».  Celles-ci sont énoncées dans ce document dont nous vous laissons la saine appréciation.
Ce communiqué intervient après la démarche unanime de l’Opposition appelant à l’arrêt de l’enrolement pour protéger les populations et limiter les dégâts. En répondant à son opposition par le canal d’un directeur d’administration centrale, le pouvoir montre encore une fois son peu de considération, voire son mépris, pour cette opposition et le peuple Ivoirien. Partout ailleurs, l’heure est au consensus national pour booster le Covid-19, hors du territoire.
Fidèle à notre courtoisie républicaine, nous nous conterons de partager avec vous les questions qui nous traversent l’esprit:

  • Le Gouvernement qui n’a déjà pas les moyens de soigner sa population peut-il l’exposer à la mort pour des raisons politiciennes électoralistes?
  • Quelles raisons d’Etat peuvent-elles pousser un Gouvernement à refuser de regarder la réalité en face, la France – qui a plus de moyens que nous – ayant d’ailleurs reporté le second tour des élections municipales ?
  • Le Gouvernement ignore-t-il que le bureau d’enrôlement n’étant pas devant la porte de chaque domicile, cela suppose des déplacements sur de longues distances et que ces déplacements ne peuvent se faire dans le respect de la distanciation sociale?
  • Le Gouvernement et le Chef de l’Etat ivoiriens seraient-ils en parfaite déconnexion de nos moyens sanitaires ou devrons-nous les leur rappeler et exposer ici la nudité de notre pays? 
  • Le Gouvernement serait-il si coupé des réalités des Ivoiriens au point d’ignorer leurs moyens de déplacement ou bien cette opération serait-elle de la seule responsabilité de l’ONECI qui sabote ainsi les efforts du Gouvernement?

L’urgence est à l’arrêt de cette mascarade d’enrôlements. Nos vies sont plus importantes que les ambitions d’un Clan.
A l’instar de la ministre Agnès Buzzin, le peuple ivoirien sonne l’alerte. Si le gouvernement français avait l’excuse de ne pas disposer d’antécédent palpable, le nôtre en dispose. Les mêmes mesures préconisées chez nous n’ont pas marché en France. Pour une fois, l’heure est à s’écouter.  

Quand on n’a pas les moyens des soins, il faut anticiper par la prévention

* Les titres et intertitres sont de la rédaction
Le ministre Eric KAHE,
Président de l’AIRD


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