Dans son adresse à la nation sur l’état de la nation, le chef de l’État ivoirien Alassane Ouattara, a présenté la Côte d’Ivoire sous un angle des plus flatteurs, satisfecit d’une belle santé par son bilan à la tête du pays.
Tout en avouant n’avoir jamais imaginé qu’il arriverait au pouvoir dans les conditions qui furent celles de 2011, il ne précise pas à quel prix lesdites conditions lui permirent de se hisser à la tête de l’Etat : celui des milliers de cadavres amoncelés à l’ombre des chars français de Nicolas Sarkozy !
L’année de référence et donc de comparaison qu’il utilise pour illustrer les promesses par lui considérées comme tenues, est bien sûr l’année 2011. Alignant des chiffres soit gonflés, soit invérifiables, soit simplement faux, il essaie de rentrer dans l’Histoire en retournant à son avantage les épreuves et la misère imposées aux Ivoiriens par les méthodes des partisans qui l’ont porté au pouvoir.
Mais quel chef d’État bénéficiaire d’un si généreux PPTE, aurait pu réussir à faire moins bien ?
Quel est la réalité du rapport développement/endettement d’un mandat qui a fait exploser la dette de 6.000 milliards à 12.000 milliards FCFA dont 8.000 milliards au titre de la dette extérieure malgré les importants effets du PPTE ? Pourtant, à seulement 6.000 milliards de dette, il disait en 2010, que le pays vivait au-dessus de ses moyens, se posant en avocat des générations futures.
Ainsi, quand il parle de retour de la sécurité, il oublie que cette dernière a été mise à mal par le coup d’État de 1999 et la rébellion de 2002, après des décennies de stabilité politique. Or, celui qui a officiellement et publiquement revendiqué cette rébellion avoue désormais que « M. Alassane Ouattara en a été le principal bénéficiaire », confirmant du reste les propos du comzone Koné Zakaria tenus de longue date et selon lesquels « les rebelles n’avaient pas pris les armes pour Soro Guillaume mais pour Alassane Ouattara ».
Quand il parle des performances économiques, il part de l’état du pays en 2011, en omettant soigneusement d’indiquer que de 2002 à 2011, c’est son « jeune homme » Guillaume Soro et ses comzones – aujourd’hui à la tête d’une armée à coloration essentiellement tribale –, qui ont mis en coupe réglée la moitié du pays, entraînant dans la misère la majorité des Ivoiriens, en même temps qu’ils se faisaient grassement octroyer de gros budgets et d’importants postes politiques et administratifs sur les recettes de l’autre moitié « épargnée ».
Quand il parle de 5 universités, il passe sous silence les détournements de ses ministres, qui ont badigeonné des façades de bâtiments à 100 milliards de nos francs, soit 150 millions d’euros. Sur les universités citées, 4 existaient déjà et étaient fonctionnelles (Cocody, Abobo, Bouaké, Daloa).
Quand il annonce 115 km d’autoroute, il n’a pas l’élégance de noter qu’il a juste inauguré un travail de son prédécesseur.
Sur les chiffres annoncés, qui ira vérifier les 23.000 milliards de revenus des paysans issus des cultures vivrières et comment expliquer que ceux-ci (paysans) soient devenus plus pauvres ?
Pour le chef de l’État ivoirien, la CMU est effective du fait de l’enrôlement de 3 millions d’Ivoiriens. Comme si être enrôlé garantissait des soins de santé ! Dans sa volonté de présenter un « bilan inattaquable », expression chère à ses partisans, il cite l’hôpital Mère Enfant de Bingerville, dans le compte public. Il devient urgent de préciser le statut de cet établissement sanitaire.
Quel Ivoirien ou observateur sérieux de la vie dans ce pays peut accorder un quelconque crédit au mythe de l’école gratuite et obligatoire, avec distribution de kits jusqu’à la fin du primaire ? Pourquoi alors les mutuelles de développement ont-elles désormais pour activité essentielle de lever des fonds pour que puissent être réellement offerts ces fameux kits scolaires dans les villages ? À moins que cette prétendue distribution ne corresponde qu’à des lignes budgétaires détournées par le clan et que l’on voudrait couvrir !
Lorsque le président du RHDP parle de l’indemnisation des victimes, de la réconciliation effective et du retour des exilés, en les présentant comme autant des sujets de satisfaction, il nous offre la preuve que dans ce pays, beaucoup vivent dans une bulle.
Sa décision de ne pas se présenter à l’élection d’octobre 2020, aussi salutaire soit-elle – en raison de la menace que sa potentielle candidature faisait peser sur le pays –, c’est la fin de partie du bouchon qu’il aura poussé, dix années durant, de plus en plus loin, sans oser franchir aujourd’hui la ligne de « trop ». Et cela, n’en doutons pas, sous la pression de ses « parrains »: sa nouvelle candidature n’allait plus dans le sens de leurs intérêts.
Au change, les Démocrates ivoiriens devront aller chercher leur victoire dans la sueur car les différents courants externes auront à cœur de le remercier d’avoir entendu leurs conseils.
Pour une fois que le RDR respecte la loi, ne boudons pas notre plaisir républicain, tout en gardant à l’esprit que ce renoncement à une candidature non autorisée par la Constitution se réduit à la tentative de tirer un profit politique de la non-perpétration de l’escroquerie juridique à laquelle le poussaient ses partisans… En somme, l’art du cynisme politique, l’art de créer des problèmes pour s’en proclamer la solution❗
Après la parenthèse RDR avec son lot de haine, de cynisme politique et de mal à notre pays, Cap sur la nouvelle Côte d’Ivoire, républicaine, égalitaire, unie et démocratique.
Bravo à vous pour cette brillante analyse. Quand on aime, aucun sacrifice n’est trop grand ni insurmontable. Il est tant que nos politiques pensent au peuple qui a tant souffert et fassent preuve d’humilité et de grandeur d’âme s’ils veulent voir la Côte d’Ivoire retrouver sa paix et sa quiétude d’antan. Que DIEU bénisse la Côte d’Ivoire.
Merci à vous pour vos prises de position claires et tranchées.
Je suis vos interventions sur les différents plateaux de télévision mais surtout sur Afrique média. Merci d’exister
Shalom !
Merci Président pour ces mots sur l’art du R(DR-HDP) de sou-poudrer de manière machiavélique la non moins triste réalité ivoirienne de ces deux dernières décennies. Merci pour cette conclusion pleine d’espoir. Merci d’être présent à tous ces grands rendez-vous de l’histoire de notre pays. MD
Tres bien dit Mr le President. Mais ont fait quoi maintenant? je pense que le Dr. Boga Sako vient de publier un tres bel article qui devrait etre la boussole de vos discussions au niveau de votre parti AIRD mais aussi et surtout avec vos partenaires de EDS dont vous etes une des personaliltes en vue sans oublier le PDCI et sa plateforme.
« CHERS AMIS DE L’OPPOSITION POLITIQUE DE CÔTE D’IVOIRE ; CHERS AMIS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE IVOIRIENNE ;
Le jeudi 5 Mars dernier, le Chef de l’État ivoirien Alassane OUATTARA a solennellement annoncé à la Nation sa décision de ne pas briguer un 3ème mandat présidentiel.
Devant cette importante déclaration, la quasi-totalité des partis d’opposition et la société civile ont eu, globalement, le même avis, à savoir que M. OUATTARA n’a fait que se soumettre à un principe de la Démocratie, en respectant la Constitution ivoirienne du 8 Novembre 2016 qui limite les mandats présidentiels à deux.
MAIS ALORS, au lieu de profiter de ce moment de la grande mise en scène mondiale du régime d’Abidjan, pour exiger du futur ex-Chef de l’État, à la face des Ivoiriens et du monde entier, que les questions principales de la CEI et de la liste électorale – donc de la gratuité de la carte d’identité – soient réglées, beaucoup parmi nous ont plutôt choisi de s’éloigner de l’objectif.
Ainsi, certains préfèrent condamner la modification de la Constitution en cours, qui est pourtant irréversible ; quand d’autres inventent des scenarii dans lesquels le soi-disant « indéboulonnable-Ouattara » ne sera jamais parti réellement, aussi facilement. Ces derniers semblent ainsi soutenir le probable dauphin qui, pris de peur, s’est vite écrié : « ceux qui pensent que vous êtes parti se trompent ! »
A LA VÉRITÉ, devrions-nous être surpris ou préoccupés par ces dernières modifications de la Constitution opérées par le Chef de l’État en partance, dont le but n’est autre que de rassurer un tant soit peu ses lieutenants désemparés ? Que vaudront toutes ces modifications dès le soir du 31 Octobre 2020, si le RHDP n’est plus au pouvoir ?
Et puis, au fond, toutes ces modifications, ne sont-elles pas en conformité avec la Constitution actuelle du pays ?
Pour nous autres, nous qui avons appartenu au « Front du Refus » et qui avons appelé hier au boycott de cette Constitution lors du référendum, en principe, nous ne devrions point nous sentir concernés par ces modifications ; mais nous devrions simplement en prendre acte, en espérant faire voter un meilleur texte demain.
Pour les anciens alliés du régime au pouvoir devenus opposants, qui ont conçu, monté et voté OUI à cette Constitution, de concert avec M. Alassane OUATTARA, ils devraient plutôt regretter d’avoir dépouillé le Peuple souverain de son droit, en ayant supprimé le référendum et en ayant permis au Président de la République de faire ce qu’il veut, en complicité avec ses députés et ses sénateurs.
Mais enfin, tous les acteurs de l’opposition et de la société civile réunis, ne sommes-nous pas témoins des violations constantes de la Constitution par l’actuel Chef de l’État et son parti, à travers les condamnations et poursuites arbitraires d’opposants, tels MM. Laurent GBAGBO et Charles BLE GOUDE condamnés chacun à 20 ans ; ou les poursuites contre Guillaume SORO contraint à l’exil ; ou l’emprisonnement de M. Jacques MANGOUA ou des Députés de la Nation en fonction, etc. ?
CHERS AMIS DE L’OPPOSITION POLITIQUE ET DE LA SOCIÉTÉ CIVILE, ARRÊTONS LES FAUX DÉBATS ET ALLONS A L’ESSENTIEL !
Car l’essentiel, c’est que M. Alassane OUATTARA ne sera plus candidat lors du prochain scrutin présidentiel du 31 Octobre 2020 !
C’est donc le lieu de réfléchir et de mettre en œuvre maintenant nos propres stratégies pour contrer celles du RHDP, afin de mettre ce régime dictatorial « hors d’état de nuire à la république » ; définitivement !
Autrement dit, cherchons plutôt à répondre à ces deux préoccupations essentielles :
1/ Comment parvenir à maitriser, à intégrer ou à surveiller la CEI et la liste électorale, de sorte à être sûrs du vrai résultat de l’élection ?
A ce niveau, l’expérience du passé prouve que l’on n’a pas absolument besoin de contrôler la CEI pour gagner la présidentielle : en 2000 et en 2010, M. GBAGBO ne contrôlait rien et il a battu le Général Robert GUEI ; et il a battu M. Alassane OUATTARA qui avait triché dans le Nord.
2/ Surtout : comment désigner un candidat unique pour toute l’opposition, si l’on veut vraiment sauver la Côte d’Ivoire, dès le premier tour ?
De mon point de vue, cela est très possible. Pourvu que les deux dirigeants des deux grandes forces politiques de l’opposition décident de faire de la haute politique.
En effet, soit les Présidents Laurent GBAGBO et Henri Konan BEDIE s’accordent sur une personnalité, avec un ou deux suppléants en réserve, et ils parviennent à convaincre leurs partisans et sympathisants de ces choix ; soit les deux Présidents parrainent une élection primaire commune pour désigner le ou les candidat(s) unique(s) de l’opposition.
CE SERAIT FAIRE PREUVE D’UN PATRIOTISME CONCRET, EN SAUVANT LA CÔTE D’IVOIRE ET LES IVOIRIENS DE CETTE DICTATURE RHDP SANS PRÉCÉDENT !
« Je pense donc je suis. » (René Descartes) »
NEW YORK, le 10 Mars 2020
Dr BOGA Sako Gervais
Président-Fondateur de la FIDHOP et de GRADDH-AFRIQUE
Ecrivain-politique